Où sommes nous (normalement) ?

Où sommes nous (normalement) ?
Voici le trajet que l'on a prévu mais sujet à modifications...

jeudi 24 septembre 2009

Everything beautiful is far away.

Aujourd'hui je me suis levée tard. J'ai fais mon sac en sachant que je ne l'étalerai pas demain dans une nouvelle auberge de jeunesse. J'ai fais mon dernier check-out. Je suis allée manger un dernier Clam chowder et un demi gâteau au chocolat que je n'ai pas pu finir parce que les parts américaines sont énormes. J'ai lu un bouquin au bord de l'eau. Il se déroule entre Harvard (où j'ai souvent traîné les derniers jours) et Khao San Road (où nous logions à Bangkok avec Aurélia). Étrange coïncidence. J'ai fais la sieste dans l'herbe d'un parc. J'ai bu le jus pamplemouse-raisin que je trouvais déjà au Japon et qui a goût de vacances. J'ai pris un dernier Chocolate Therapy Shake chez Ben & Jerry's (un jour il faudra que je vous explique pourquoi c'est bien de prendre une glace chez Ben & Jerry's et pas chez les concurrents). J'ai dis au revoir aux écureuils de Common Park que personne ne regarde... Et j'ai écris (ça fait du bien!).

Entre tout ça j'ai pensé aux gens qui partent aujourd'hui pour leur grand voyage. Je les envie, évidemment. Ils ont devant eux ce que j'ai derrière moi. Ils ne savent pas encore à quel point leur année va être exceptionnelle. Ils oscillent entre excitation et peur de l'inconnu. Je ferais tout pour être à leur place, même si je suis consciente que je ne pourrai jamais revivre cette journée puisque je l'ai déjà fait...

Quand ce message sera publié je serai dans l'avion qui me ramènera en France. Le jour que je redoute depuis le début et auquel j'osais à peine penser en espérant qu'il n'arrivera jamais est là. Je vais remettre les pieds en France.

Je vous ai raconté l'histoire de l'Allemand qui fait le tour du monde en vélo pendant 3 ans? Une semaine avant de rentrer chez lui, il se fait écraser en Nouvelle-Zélande. L'idée m'a traversé qu'il avait bien de la chance. Je vous dis ça au cas où un des mes avions ferait un plongeon...

Bref demain c'est la fin. Et c'est le début. D'un nouveau challenge qui m'attend.
Hier j'ai reçu un mail de Murielle, une collègue. Le titre était "Bon retour à la case départ". Ma première réaction a été de lui retourner un mail en lui disant que je n'avais pas l'impression de retourner à la case départ. Sauf que je me suis rappelé les règles du Monopoly : "Retournez à la case départ et prenez 20000 francs" (j'étais jeune la dernière fois que j'y ai joué).
Finalement l'expression est bien choisie. Je reviens au départ, plus riche. Uniquement mentalement soyons clairs.

J'ai appris plein de chose, j'ai rencontré des gens extraordinaires (ils se comptent sur les doigts de la main, rassurez vous), j'ai vu certains des plus beaux paysages du monde, j'ai eu des expériences hors du commun, j'ai fais plein de trucs pour la première fois de ma vie (sauter à l'élastique ou d'un avion, randonner seule et dormir dans une hutte, avoir un accident de voiture, etc), j'ai expérimenté la liberté totale.

Il y a juste un truc qui me stresse un peu (et JM aussi, on en discutait l'autre jour) : c'est de savoir que ça va être très facile d'oublier tout ce qu'on a appris, de retourner dans notre train-train quotidien, et de ne jamais appliquer les leçons que nous a offert notre voyage. Ça va être naturel de bosser de trop sans prendre le temps de faire ce qu'on aime à côté parce qu'on est fatigué, ça va redevenir naturel de refuser l'invitation à dîner d'amis parce qu'on préfère rester collés les fesses dans le fauteuil. Bientôt on ne se rendra peut-être même plus compte de notre chance d'avoir tout ce qu'on a, ou on recommencera à consommer deux fois plus que ce dont on a réellement besoin, on oubliera peut-être qu'on peut tout faire dans la vie si on s'en donne les moyens, on se mettra des barrières inutiles et on prendra le risque de redevenir ceux d'avant...

Ce n'est pas ce que je veux. Je veux ne jamais oublier que j'ai fais ce voyage, et je veux en appliquer les leçons en profitant de la vie tous les jours (ou presque puisque j'ai appris que même dans la plus sympathique des situations on peut avoir un coup de blues).

Je n'ai pas trouvé la clef du bonheur constant, je doute qu'elle existe, mais j'ai un bonne idée de comment agir pour arranger ma vie au mieux. Il me reste une chose à trouver ou à garder : de la volonté!

À la question "Est-ce que j'ai changé?", mes amis ont répondu pour moi (et JM) : NON mais nos caractères se sont affirmés et on a l'air mieux dans notre peau.

Et voilà, je suis désolée pour tout le monde, j'ai conservé tous mes défauts et vous pourrez en profiter dès mon retour : je suis toujours aussi bordélique (pourtant j'ai essayé), je dis toujours ce que je pense haut et fort et suis toujours aussi peu diplomate, j'aime encore plus la solitude, je suis toujours autant incapable de faire semblant d'aimer quelquechose ou quelqu'un quand ce n'est pas le cas, je suis toujours aussi bornée...
Et bizarrement (j'espérais que ce côte allait s'arranger en voyageant seule, mais non), j'ai toujours du mal à aller vers les gens et je suis toujours timide pour certaines choses, ou quand je ne connais pasun lieu. J'ai par exemple rarement mangé au resto seule, je trouvais toujours des raisons pour ne pas y entrer (trop de monde, pas assez, rien qui me donne envie sur la carte), alors que la seule vraie raison était que je n'osais pas en pousser la porte et me retrouver face à des inconus alors que d'aller au supermarché était beaucoup plus facile et impersonnel. Ceci-dit ça m'a permis d'économiser et de perdre quelques kilos... On ne va pas se plaindre!

Et pour abréger un peu, je finirai avec le fait que je suis super heureuse d'avoir fait ce que j'ai fais, un tout petit peu fière de moi aussi parce que je n'aurais jamais imaginé être capable de voyager seule avant de partir, et agréablement surprise de m'être rendue compte qu'on peut se sentir chez soit presque partout si on prend le temps d'apprivoiser les lieux.

Et ce n'est pas mon genre mais je vais en profiter pour remercier Jean-Marc et (indirectement) Sean Penn (pour son film "Into the wild") puisque sans eux, au lieu d'être dans l'avion du retour, je serais sûrement en train de me dire "Et si ..., et si..., et si..., je pourrais faire le tour du monde". Donc merci d'avoir changé, si ce n'est ma vie, au moins un an de ma vie et des dizaines d'années de souvenirs (sauf si l'avion s'écrase, je sais je suis trop drôle...).

P.S. : Je n'ai pas finis d'écrire, dans le prochain message je vous remercie tous (qu'est-ce qu'il faut pas faire pour garder ses lecteurs...). Et je crois que Russell a préparé un truc mais je ne suis pas sensée être au courant...

2 commentaires:

Sumi a dit…

Même si tu "oublies" cette année, même si tu replonges dans le train-train, tu pourras toujours repartir un an ou plus!
Et même si tu ne vivras pas les mêmes émotions, tu en vivras d'autres tout aussi fortes et importantes.
De toute façon, je ne pense pas qu'on oublie si facilement une telle année... Il faut juste que tu travailles moins... ;)

Unknown a dit…

Bon, apres la lecture de cette note, j'ai juste envie de me tirer une balle...